Épuisée, tu t'assis lourdement sur une banquette du fast food régulièrement fréquenté. Autant pour se changer les idées que profiter de la nourriture, nulle part ailleurs aussi grasse, que le restaurant offrait. Le cuir rouge sur lequel tu pris place, aussi criard que ta veste, couina vivement au contact de ton jean sombre. Courbaturée et crispée, tu pris garde à ne pas tendre un muscle de trop et ajustas ta position, de sorte à être plus confortable. Juste avant de t'affaler sur la table blanche devant toi, tout en poussant un magnifique râle. On aurait dit que tu agonisais lamentablement. Décidément, il te faudrait encore du temps avant de t’acclimater au rythme imposé par les membres de la première Zone. Chaque matin, il fallait faire un tour du périmètre, de sorte à vérifier qu'aucune barrière n'avait été forcée pendant la nuit. Suivi d'un nombre incalculables de déplacements, soit pour explorer les environs - un peu plus loin chaque jour - soit amener quelconque chose aux autres Zones. Et, ce programme était valable lorsqu'on avait patrouillé la nuit, bien sûr. Aussi, après avoir surveillé pendant quatre heures de suite, sur le toit d'un immeuble, ce qui se trouvait au loin, dans l'ombre, qu'on osait encore nommer ou pénétrer, il y avait de quoi éprouver une certaine lassitude. Et de la fatigue. Une profonde exaspération, aussi. Enfin, tout un tas de sentiments pas vraiment positif. 

Levant mollement la main, tu indiquais à la jeune fille du bar que tu tenais à commander. Etonnant que ce resto' soit encore ouvert, et, encore plus étonnant qu'il soit fréquenté : une demi douzaine d'adolescents à la mine grave ou austère, à l'image du temps auquel tous faisaient face. Seulement la Zone Une se restaurait ici, bien que quelques invités des deux autres Zones venaient quelques fois, accompagnés par des confrères. Après une courte observation des lieux, remarquant que la serveuse n'était toujours pas venue, tu tournas vivement la tête dans sa direction et remarquais son air hilare :

C'était le coup de trop, mais, tu obtempéras et te levas de la banquette avec un grognement. Tes Rangers crissèrent sur le lino moucheté et te portèrent jusqu'à une des chaises de bar. Prenant place le moins gracieusement possible, appuyant tes coudes sur le bar de bois, tu pris une carte d'un geste plus lent que vif et choisis un Chili Cheesburger accompagné d'un Coca. Trouvant la chaise trop inconfortable - impossible de s'étaler dans les règles de l'art - tu ramenas ton plat et ta boisson, gentiment apportés par la fille à la chevelure rousse du bar, à ta place initiale. Tout ça pour ça. Retournée sur la banquette, tu mordis avidement dans le Cheesburger avant de prendre une gorgée de Coca. Tu n'avais pas prévu que le steak serait froid et la boisson tiède. Mais, tu n'étais tout bonnement pas en état de protester. Pensive, mâchant la bouche fermée ton repas à peine consistant - juste du ketchup, du tabasco et de la viande entre deux tranches de pain -, tu repensais aux événements passés et ceux à venir. Comment la Zone Une s'était faite gardienne de ce qui restait d'un passé révolu, comment toi et ta famille restante vous étiez vous faits séparés. Comment toi, simple fille d'une famille aisée mais sans plus, avais acquis le don de pouvoir, d'un claquement de doigts, de faire apparaître de l'électricité. D'avoir changé, troqué tes prunelles vertes et magnétiques par de l'ambre liquide et ta chevelure blonde était devenue blanche. Bien des changements avaient été faits et ce n'était pas terminé, loin de là. Encore, fallait-il connaître l'étendue des changements, or, c'était là encore loin d'être le cas. Une montagne de travail t'attendais encore, aussi, cessant de ressasser passé et futur, te concentras-tu sur le présent.

C'est vraiment chiant d'être chef. Des corvées, des corvées et encore des corvées ! Trouver de la nourriture, combattre les monstres, gérer les problèmes des membres, être sympa avec tout le monde, ne pas faire de conneries (certes, je n'applique pas vraiment cette règle mais bon), se montrer diplomatique (ca aussi je ne le fais pas vraiment),etc...Une partie de toutes ces obligations est entre guillemets agréable, la partie monstre, mais le reste...Enfin il vaut mieux ne pas trop y penser. D'ailleurs, j'irais bien visiter nos chères animaux mutants. Une mission de reconnaissance peut-être, une petite mission tranquille avec une personne ou deux. Une seule serait l'idéal. Quelqu'un ayant un pouvoir assez puissant, Trybal peut-être. Oui, c'est une bonne idée. Sa cape rouge est un problème si on veut être discret, mais elle n'aura qu'à l'enlever. J'aime bien son pouvoir. L'électricité. Ca m'a toujours fasciné, encore plus quand j'ai appris que pour en produire il fallait juste faire tourner une bobine de fil de fer autour d'un aimant. Ou l'inverse. Du coup, le fait de contrôler l'électricité laisse à penser que Trybal a ces deux éléments greffés dans le corps, et qu’elle peut les faire tourner à tout moment. Etrange. D’un autre côté vu que je maîtrise le feu, cela voudrait dire que j’ai une boîte d’allumettes quelque part sous la peau. Drôle de pensée. Mieux vaut que j’arrête de réfléchir à tour ceci, ca ne mène à rien. Je vais plutôt aller chercher Trybal.

Un peu après
Je ne l’ai trouvée nulle part dans l’Internat. Nada, nicht Trybal. Ni dans la cafèt’, ni dans les espaces communs, ni dans les chambres ou dans les salles de cours. Elle doit être sortie. Ma petite mission de reconnaissance tranquille tombe  à l’eau. En plus je n’ai pas envie d’y aller quelqu’un d’autre. Je vais plutôt aller me détendre au Fast-food. Il est l’heure de manger, et rien de mieux pour me remonter le moral qu’un bon hamburger bien gras. J’imagine déjà le truc : du ketchup et de la mayonnaise en abondance, le jus qui dégouline quand on mord dedans. Rien que d’y penser j’ai l’estomac qui gargouille. Allons-y ! Je vais devoir y aller à pied par contre, mon scooter est en panne, et risque de le rester pendant un bon bout de temps. Sauf si je trouve une mec super doué en mécanique. Avec un peu de chance y’en a un dans la zone 1, peut-être que je devrais passer une annonce. Mouep, c’est pas une mauvaise idée. Enfin, trêve de rêverie, les fast-food m’attend, à moi la bouffe bien dégueulasse (comme le pensent certains) !

Me voila arrivé. La douce odeur des frites flotte dans l’air, j’en ai l’eau à la bouche. J’y suis allé en courant, et limite je me suis pas arrêté de courir pour atteindre le comptoir où on passe commande. La pauvre fille chargée de servir les clients semble être sérieusement au ralentit. Qu’est ce qu’elle est lente mon dieu. Elle a juste mis environ un millénaire à comprendre ce que je voulais, et encore 400 000 ans à préparer mon plateau. Je ne peux pas supporter les gens lents. Si je pouvais contrôler l’électricité, je crois que je lui aurais déjà envoyé une petite décharge depuis longtemps à celle-là.  Elle me tape grandement sur le système. Oui, enfin, mon plateau est prêt ! Au menu : un triple cheeseburger, 500ml de coca et une énorme barquette de frites prêtes à être dévorées. Je cherchais des yeux une table de libre, quand j’aperçu Trybal. Ma mission de reconnaissance était donc encore faisable. Ravi, je m’installais à côté d’elle, et engageais aussitôt la conversation :


-   Hey, toi aussi tu t' fais un p’tit fast-food ?

Etre sympathique, pour mieux la convaincre de m’accompagner ensuite. Le seul problème, c’est qu’elle avait l’air exténuée. Aïe, pas bon pour mon projet tout ca. Je me rassurais en me disant qu’au moins un des avantages d’être chef, c’est qu’à priori les personnes que tu encadres t’obéissent plus ou moins. Ou ont un minimum de respect pour toi. Fier de mon importance, je lui offrais un sourire charmeur, au cas où mon statut ne suffise pas.

Morne, tu levais les yeux vers le géant qui te toisait. En pleine dégustation de ton Cheesburger – Tabasco et ketchup, mélangés, gouttant agréablement sur ton assiette, la bouche pleine de viande hachée froide –, tu haussas un sourcil fin à l’encontre du nouveau venu : le chef de la Zone Une. Heureusement que ta langue ne pouvait bouger, immobile étant donné la masse de nourriture que contenait ta cavité buccale, sinon elle aurait certainement pris le commandement et débité quelques piques menaçantes afin d’éviter tout malentendu. Malentendu, qui, malgré tes efforts nombreux, arriva. Ton regard ambré eut beau rencontrer celui, sombre, de Tahar, ce dernier ne comprit pas l’avertissement silencieux que tes yeux se tuaient à lancer. Un grognement de mécontentement fit vibrer ta gorge et finit par s’éteindre. Levant les yeux au ciel, tout en continuant de mâcher, tu tentas encore une fois de lui faire remarquer qu’il n’était pas le bienvenu. En vain. Il s’asseyait, en plus ! Mettant tout en œuvre pour éviter de lui prêter attention – essayant, en vain, de lui montrer que tu tenais à être seule –, tu fermais les yeux et te concentrais sur ton alimentation. Néanmoins, il ne semblait rien lâcher, ce Brad… Et en plus, l’électricité émanant de ses organes, de son corps, perturbait tes sens. Et oui. Impensable, n’est-ce pas ? Que les êtres vivants luisent telles des étoiles dans le noir. Chaque organe émet une once infime d’électricité. Le cerveau et les battements de leurs cœurs devaient crépiter le plus, te semblait-il. Lorsque tu avais été capable de percevoir ces infimes volts provoquées par les gens qui t’entouraient, ainsi que toi-même, le choc t’avait abrutit pendant bien cinq minutes. C’était lors d’une soirée, bien arrosée, d’ailleurs. Et, bon nombre de personnes avaient subis ta stupeur. Les souvenirs étaient vagues, mais, les écorchures sur tes jointures ne devaient pas témoigner d’une nuit anodine.

Alors que tu allais commencer à réciter en silence l’alphabet, ignorant ce qui t’entourait, l’autre imbécile venait t’empêcher de t’échapper. Fatiguée, le contrôle de ton pouvoir t’échappait plus rapidement. Ce qui était le comble de l’ironie, étant donné que tu gaspillais tes dernières forces à fabriquer de petites étincelles irradiant de tes paumes et parfois même de tes yeux. Vous savez, l’expression foudroyer quelqu’un du regard ? Etonnamment, cette technique, chez toi, prenait nettement mieux son sens depuis que tu avais acquis le don de pouvoir faire griller qui tu souhaitais sur place. Pourtant, il te faudrait encore du temps pour maîtriser ce pouvoir intelligemment. Là, tu gaspillais la majorité de ton énergie à envoyer de l’électricité brute, alors qu’un simple court circuit pourrait faire bien plus de dégâts que n’importe quelle décharge de kilowatts. Un picotement se fit dans l’air, alors que tes doigts s’illuminaient d’une pâle lueur. Mais, de courte durée, elle s’éteignit finalement, dans un crépitement inaudible pour tout autre que toi. Tes globes d’ambre liquide plongèrent franchement dans le regard noir du jeune homme. N’ayant aucunement l’intention d’être engageante, et sûrement pas avec lui, tu te contentas de le toiser longuement. Alors que, déjà d’habitude, tu faisais tout pour éviter ce chef que tu prenais pour un narcissique ronchon, il venait s’asseoir avec toi. Ton seul vrai moment de paix de la journée…
C’est pas vrai… Qu’est-ce que j’ai fais pour me ramasser un gosse pareil ?
Tu étais prête à l’ignorer encore un moment, s’il n’avait pas eut ce sourire-là. Ah, il voulait jouer. Il était connu pour ses manigances diverses et avait développé une certaine réputation de manipulateur, malgré lui, peut-être. Or, que faisait-il là ? N’y avait-il pas d’autres gens à aller emmerder ? Non, il fallait s’en prendre à quelqu’un qui ne demandait que la paix, et la paix royale. L’endroit n’était guère silencieux, avec les bruits des couverts et les rires qui fusaient de différents boxes. Néanmoins, silhouette silencieuse et affamée, tu te complaisais là dedans.
 
Prenant une dernière bouchée, tu lui offris le même sourire, laissant apparaître des bouts de viande hachée et un peu de pain. Tout ce qui n’avait pas encore trouvé le chemin de ton estomac, en somme. Sûre de l’effet escompté, tu avalas le reste et lâchas, bien contre ton gré, un rire clair. L’idiote, ce que tu aimais faire par-dessus tout. C’était un rôle facile à endosser et qui déroutait bon nombre de personnes. Il suffisait de faire l’écervelée pour qu’on te foute la paix un moment. Néanmoins, tu te demandais pourquoi Tahar te s’était assis face à toi. Reprenant ton sérieux, tu haussas à nouveau un de tes sourcils – manie qui agaçait autant que cela t’amusait –, en joignant ta parole à ce geste.

HRP:

Oh j'avais pas remarqué qu'elle avait les yeux qui brillaient. Ou crépitaient. Je crois que je préfère le premier terme pour désigner cet étrange phénomène, assez joli d'ailleurs. On dirait des petites étoiles. Enfin bref, à part ca elle ne semblait pas vraiment contente de me voir. Même carrément mécontente en fait. J'aime le regard des filles quand elles sont en colère. D'ailleurs parfois je fais exprès de les emmerder pour voir leurs sourcils se froncer. Trybal sortait le grand jeu avec ses petites étincelles. En tout cas je retiens, elle est vachement drôle embêter. Tout dans son attitude indiquait sa répulsion pour ma personne. Sèrieux, je trouve quand même ca un peu vexant, je lui offre mon plus beau sourire, et elle apprécie même pas mon geste. Un peu interressé c'est vrai. Un peu beaucoup interessé.

Aaaah, elle se décidait à sourrire...Oh mon Dieu, vision cauchemardesque. Bouts de viande en pleine mastiquation, petites goutelettes de jus émergeant de ce si joli "sourire". Vraiment, quelle horreur. D'un autre côté ca me rappelle le bon vieux temps, quand je mangeais au self avec un mec absolument dégueulasse qui passait son temps à parler en bouffant. C’était un con bien sûr - je ne trainais qu’avec des cons, histoire de pas trop m’attacher non plus- mais avec lui j’ai fait de sacrées conneries. Peut-être qu’elle est de ce genre-là elle aussi. Garçon manqué, un peu idiote, mais sacrément pratique quand il s’agit de s’amuser. Voila qui joue en ma faveur.

Soudain, elle éclata d’un drôle de rire aigu. Pas très garçon manqué tout ca. C'était juste…Bizarre. Je commençais à devenir septique. Comment se faire une idée de quelqu’un qui semble changer en permanence de caractère. Son objectif me paraissait de plus en plus obscur et incompréhensible. D’abord les yeux étincelants, l’air en colère, puis un peu garçon, et enfin petite écervelée. Pas moyen de savoir si elle allait accepter de m’accompagner. C’est pas possible ca. Elle sert à rien finalement, si ca continue je vais devoir trouver quelqu’un d’autre pour ma mission de reconnaissance. Quelle plaie.

- Alors, que me vaut l’immense honneur de t’avoir rien que pour moi, Bradou ?!

Comment dire…JE DETESTE QU’ON M’APPELLE BRADOU. Ou Bradounet. Enfin tous les surnoms débiles comme ca, oubliez. C’est ridicule. Déjà que mon nom casse pas des briques (Brad Tahar, les deux noms vont pas ensemble, ma mère n’a aucun gout) mais avec le surnom en plus c’est minable. Je sais pas ce qui me retient de la faire cramer à l’instant. Bon après c’est pas comme si c’était la première meuf à m’appeler Bradou, ou Bradounet. La plupart du temps c’était en soirée, donc je m’en souvenais pas, heureusement. Autant lui expliquer tout de suite ma pensée, mais diplomatiquement, sinon elle ne m’accompagnera jamais dans la forêt. Je lui offrais donc un deuxième sourire, destiné à adoucir mes paroles :

-       En fait, je n’apprécie pas vraiment qu’on m’appelle Bradou, et je serais dans l’obligation de faire brûler ta sale face de troll si tu le redis.

Diplomatie : 0. Sérieux, je suis nul quand il s’agit d’être à peu près gentil. D’un autre côté ca peut être pris comme de l’humour, nan ? Autant en rajouter, en plus c’est une bonne opportunité de vengeance indirecte. Et hop, nouveau sourire ! Si ca continuait j'allais réussir à exploser mon record personnel. Quoi que, peut-être pas, car il est vrai que quand il s'agit d'obtenir quelque chose, je distribue assez facilement mes sourires. 

-       Enfin bon tu vois, Trybou ?

HRP:

Ca, c'était mal passé. Alors que tu finissais ton Coca, la pique lancée par Tahar te fit avaler de travers et tu manquas de tout lui cracher à la tronche. Mais, bien que l’envie soit bel et bien là, tu avais des limites à respecter. Et tu t’y tins.
Non seulement, il prenait plaisir à venir pourrir un moment réputé comme étant une pause, mais il tenait particulièrement à montrer qu’il avait le dessus. Tu t’étais renommée Trybal pour qu’on te prenne au sérieux, pas pour devenir une cible facile. Il était peut-être bel et bien chef de la Zone Une, mais pas le tien et, s’il tenait à se frotter à toi, il allait être surpris à quel point tu étais prête à entrer dans son jeu. Du moins, tu ne le considérais-tu pas comme responsable de ta personne. Rien qu’imaginer lui donner ta confiance te faisait tressaillir. Et dire que c’était à lui que la tâche d’éradiquer les monstres lui incombait. C’est ce grand gamin, à la coupe en pétards – cela semblait être une manie, chez les membres de la Zone Une, pas un ne semblait savoir ce qu’était une brosse à cheveux -, une allure dégingandée et un air farouche. Sans vouloir bien l’admettre, vous vous ressembliez tout de même. Peut-être, était-ce même pour cela que tu ne l’appréciais pas. Tu le savais être doté, lui aussi, d’un don élémentaire : le Feu. Il était plus dangereux que l’Electricité, mais en même temps, moins efficace. Après tout, il suffisait d’avoir une matière conductrice, telle que l’eau, et tu pouvais envoyer tant de jus que tu le souhaitais, sans dépasser la limite du raisonnable. Alors que, le Feu était vorace et demandait sans cesse quelque chose à engloutir pour qu’il puisse évoluer. C’était de puissance équitable, dira-t-on. Néanmoins, on sentait que Tahar était plus à l’aise avec son don, un semblant de confiance et d’expérience émanaient de lui. L’animosité que tu lui portais n’était donc pas anodine. Jalouse. Et oui, tu n’acceptais pas de ressentir ce goût amer et tranchant, s’insinuant dans les profondeurs des âmes. Après tout, n’avais-tu pas déjà tout ? Hier, tu avais réussit à faire démarrer cette foutue Buell, une Streetfighter. Un pur chef d’œuvre de la part de la compagnie ayant fermé ses portes. Tu avais trouvé le deux roues lors d’une de tes explorations et t’étais mis en tête de le réparer. Dorée d’un 1125 centimètres cubes, c’était au delà de tes espérances, pour une première bécane. En effet, ton père n’avait jamais voulu t’octroyer la chance de monter sur un de ces engins. Pas même une cinquante… Amèrement, tu avais  regretté un sermon bien salé que ton géniteur aurait débité. Mais, finalement, dans toute mauvaise chose, on y trouve du bon. Presque deux jours entiers avaient été nécessaires afin de ramener la moto – tracter, seule, une deux roues de près de 200 kilos, ça prend du temps, surtout quand on peut possiblement se faire bouffer par une créature -, trouver quelqu’un suffisamment compétent pour la remettre en état et l’abriter afin que personne ne soit au courant de son existence. Sinon, tous ces satanés gamins excités se seraient amusés à faire exploser une magnifique œuvre d’art de mécanique. Hormis le mécano’, plutôt bien gaulé il fallait l’avouer, qui avait vu son silence amplement acheté en nature – il fallait bien faire des écarts de temps en temps, sinon, on ne s’amusait pas un peu –, personne n’était au courant. Et, si à tout hasard ce n’était pas le cas, tu t’engageais personnellement à la lutte contre les explosifs et les mouvements extrémistes attentant aux biens des personnes. Ou, plus concrètement, tu casserais la gueule à quiconque s’amuserait à approcher de trop près ce que tu qualifiais désormais comme ton engin. Le précédent propriétaire pouvait te faire confiance, jamais tu ne laisserais cette bécane ni t’en lasserais. M’enfin. Bref parenthèse. Et puis, tu n’étais pas si hideuse, finalement. Le regard de certains jeunes sur toi te mettait inévitablement mal à l’aise, mais, une certaine fierté qu’on te porte ainsi attention. Parce que, oui, ton habillement tape à l’œil attirait des regards incrédules, mais, certains ne s’arrêtaient pas à là. Ils percevaient bien plus que ton tatouage étrange sous l’œil gauche et tes Rangers noires. Il t’était arrivé de rencontrer des garçons, avant. Agréable et ouverte, tu étais certainement la fille la plus appréciée du collège. Mais ça, c’était avant. Ayant terminé d’essuyer tes fines mains, ta bouche et un bout de la table – là où un peu de sauce avait giclé –, tu relevais brusquement les yeux vers Tahar en les plissant. D’un mouvement du menton, tu demandais alors avec gravité et sérieux :

Plus vite tu abrégerais, plus vite toi et lui serez loin l’un de l’autre. Et, plus vite la possibilité que la troisième guerre mondiale soit déclarée… Le port de tête altier, le regard droit et sans détour, tu ne prenais aucune autre façon d’être que la tienne. Si tu avais rencontré Tahar dans d’autres circonstances, avant le Renouveau, peut-être même auriez-vous put être amis. Peut-être plus, qui sait ? Mais, la possibilité de le compter parmi les gens que tu surpportait s’amenuisait de minutes en minutes.

HRP:

- Bon alors, pourquoi t'es là ?!

Cette meuf est totalement dépourvue de la plus infime trace de délicatesse. Par conséquent, je repars sur mon idée selon laquelle elle est sûrement plutôt garçon que fille. Peut-être même lesbienne. Intéressant, intéressant. Pour moi, sa petite amie serait du genre fragile et féminine ...Mais dynamique sous la couette ! Ok, ok j’arrête, c’est pas drôle. Soyons sérieux chers amis. Je crois que Trybal a avalé son coca de travers. Mon surnom a fait son petit effet. Bien, maintenant nous sommes quittes. Enfin j’espère. C’est vrai qu’elle est pas très souriante, même pas du tout. Bon après c’est sûrement son caractère. Du genre « je fais la tronche tout le temps, parce que je hais le monde ». D’un autre côté quelqu’un comme ca doit forcément aimer casser la gueule à des monstres, nan ? Mouais, de toute façon si elle accepte pas je lui crame les fesses, et je l’emmène de force. Après, je la donne en sacrifice aux monstres. J’aimerai bien voir comment elle se débrouille. Et puis aussi quelle technique elle utilise, plutôt du style éclair foudroyant, et ou plutôt petite décharge en plein cœur. Personnellement je n’saurais pas me décider, les deux en jettent tellement. Même pour elle ca doit être difficile de choisir.

Enfin bref, la question qui se pose maintenant à moi est : comment la convaincre de m’accompagner, malgré son ton agressif. Il s’agit de choisir une stratégie….Charmeur, ou drôle un peu menaçant ? Je crois que la deuxième option s’impose. Après réflexion, c’est même ma seule option, vu comment Trybal  est avachi sur sa chaise. Il faut juste que j’arrive à lui insuffler un peu de dynamisme, pour que ses capacités et son envie de combattre ressortent. Exactement, en plus je sens que ca va être drôle. Allier devoir et divertissement, mon objectif suprême.  Allons-y, elle va être surprise la Trybal !

-  En fait, je comptais à la base te proposer de m’accompagner dans une mission de reconnaissance, mais vu la situation, je crois que je vais employer une autre méthode ma petite Trybou.

J’attrapais en hâte le manteau d’un client de la table d’à côté, et l’enveloppais avec, enfin l’emprisonnais dedans plutôt, et la balançais sur mon épaule. Le tissu, c’est isolant, nan ? Donc normalement elle peut pas m’envoyer de décharge. Et oui je sais je suis un barbare, mais vous savez, c’est marrant parfois d’être un barbare. Toujours est-il que j’emmenais Trybal hors du fast-food (parce que même si j’aime attirer l’attention, faut pas exagérer non plus, surtout que ca pourrait tourner en ma défaveur si un client pense que je suis le grand méchant et Trybal la pauvre victime et décide de la sauver. Ce qui n’est d’ailleurs pas si éloigné de la réalité) Elle se débattait bien sûr, et je fus étonné de constater qu’elle avait une force considérable, et même incroyable pour une fille. Mais il ne faut pas oublier que je fais 1m90, et que moi aussi je suis musclé. Je ne me rappelle pas avoir jamais porté une fille. Ce n'est pas exactement comme je l'imaginais, mais sachant que Trybou est lesbiene ca doit être normal. Elle n'est pas à proprement parler une fille. Faudra que je lui demande quand même. Enfin pour revenir à notre situation,je ne m’étais jusque là,  pris aucune décharge, ce qui était déjà une bonne nouvelle. Arrggg…putain ca fait mal. Quelle conasse !

-   C’est bon, je voulais juste que tu sois plus dynamique, pas la peine de t’énerver !

HRP:

C'était le noir. Moucheté de quelques éclairs colorés, de lumière vive et de sons étouffés. Tombée dans les pommes à cause de la bouffe peu ragoutante ? Non, juste kidnappée par un crétin. Crétin qui, par ailleurs, n'est autre que le chef désigné de la Première Zone. Il s'amuse à quoi, là ?  Tu avais beau réfléchir, aucune réponse concrète ne te venait à l'esprit. Ballottée comme un vulgaire sac de patates, tu maudis ton manque flagrant de réflexes et ton incapacité à te défaire de ta certitude d'être la meilleure. Meilleure combattante, meilleure traqueuse de monstres, meilleure tête de mule. Meilleure. Et, ton don n'avait rien ajouté de bénéfique à cela. Au contraire, il n'avait fait qu'accroître le sentiment de toute puissance que tu dégageais. Il te faudra apprendre l'humilité, afin de ne plus te refaire prendre dans pareille situation. Emmitouflée - emprisonnée étant plus juste - dans un manteau en tissu léger, tu te maudis de ne pas avoir réfléchi plus vite. L’acquisition de ton pouvoir était ressente et il ne te venait pas naturellement à l'esprit de le mettre en pratique. En fait, le tissu n'était pas à proprement dit conducteur, mais, pas non plus réputé comme étant un isolant. Cherchant de tes mains à tâter un bout de dos - car tu supposais être transportée sur une partie plus ou moins plate de Tahar -, que tu finis par trouver, tu envoyas une petite décharge. Tu aurais pu balancer le paquet, mais pas question de te blesser inutilement.

Ahurie et vexée par le manque d'effet que cela avait eu sur le jeune homme, tu hurlas et te débattis avec plus d'ardeur que la fois précédente :

Enfin, le soleil perça de sa lumière vive ton champ de vision et tu eus la réaction sensée de pivoter afin d'accuser le choc du sol sur tes pieds, et non ta colonne vertébrale. Accroupie, tu réfléchis à ce qui venait de se passer et finis par relever la tête vers Tahar. Ce dernier, toujours le manteau sur l'épaule, un sourire mi-moqueur, mi-amer sur les lèvres, te toisait de son mètre 90. La fureur qui t'avait envahie un peu plus tôt, et que le brusque changement de situation avait soufflée, repartit de plus belle. Les muscles tendus et les yeux foudroyants, tu finis par te relever et lui fis face. Il devait faire une tête de plus que toi, ses yeux sombres plongeant dans les tiens comme pour te défier de te venger contre lui, chef ô combien respecté de la Zone Une. Il s'attendait peut-être à ce que tu courbes l'échine, tel un loup obéissant à son Alpha. Tu poussas un reniflement de dérision avant de faire un pas en arrière, puis deux. Juste avant de baisser la tête et river ton regard ambré au sol.
Les baskets usées de Tahar trempaient dans une flaque brunâtre, où se reflétait un petit rayon de soleil, qui avait attiré tes yeux quelques minutes auparavant. Un sourire mauvais, caché par ta chevelure blanche, naquit sur tes lèvres. Depuis le début, nulle attitude de soumission n'avait été cherchée de ta part. Simplement une bonne diversion. Tendant lentement un doigts juste devant toi, relevant la tête avec un regard innocent et quelques battements de cils en prime, tu dis simplement :

Et tu balanças le jus en direction de la gouille d'eau, partant de ton doigt tendu,  sur la dernière note faussement amicale de ta phrase. Ha, mais qu'est-ce qu'il l'avait sacrément bien cherché, ce macho. Combien de filles s'étaient retrouvées impuissantes face à ce colosse prétentieux ? Aucune idée, mais suffisamment assez pour le mettre sous haute tension jusqu'à la fin des temps. Après quelques secondes de défoulement, où tu devais tourner à 450 Volts, puissance suffisante pour causer des douleurs et rendre perclus un adulte, un voile noir passa sur tes yeux et tu faillis tourner de l’œil. Aveuglée par ta colère, tu avais laissé libre cours à ton pouvoir afin de te venger. Une vengeance qui te paraissait bien salée, comparée à ce que Tahar t'avait fait. De plus en plus, tes réactions virulentes te perturbaient et te rendait perplexe. Agir aussi fort à cause de ça... Et, finalement, lui comme toi, n'étiez pas en bon état. Tu ne regardas même pas dans sa direction, et cherchas simplement un endroit où t'asseoir. La possibilité de te tirer s'était évanouie avec ton manque de force. Finalement, on dirait bien que vous seriez coincés un peu plus longtemps ensemble, lui et toi.

Des pas résonnèrent sur le sol en béton, ainsi que des voix. Le soleil tapait et ses rayons balayaient tout. Aucune ombre à première vue, rien que du béton et de la végétation morte. Etonnant, d'ailleurs, qu'une flaque se soit trouvée là, tellement la chaleur était présente. Écrasante, même. Puis, après t'être assise sur le bord d'un trottoir, soufflant comme un bœuf, tu relevas enfin la tête afin d'observer. Le fast food s'était vidé de ses plus fidèles clients, qui, eux, étaient venus porter secours à leur chef adoré. Leur idole se relevait lentement, râlant contre les mains qui se tendaient pour l'aider.

Le ton amer indiquait à quel point ces lèches-culs de la Zone Une t’insupportaient et tu étais déçue de remarquer, à quel point, ils étaient nombreux. Agglutinés autour de Tahar, à peine à quelques mètres en face de toi, tu eus droit à tout le spectacle. Ces rats ne rataient pas une occasion pour venir manifester leur adoration et leur dévouement, dans le but stupide de grader dans la "hiérarchie". Tout comme le jeune homme qui était venu se faufiler derrière toi et t’assommer d'un coup de batte de baseball, pensant certainement devoir maîtriser un danger imminent, une nouvelle sorte d'ennemi. Le bois eut un un bruit sourd et mat lorsqu'il heurta avec violence ta tête. Tu n'eus pas même mal et sombras directement dans le noir, avant même que ton crâne heurte le sol. Le plus complet, cette fois.

- Laisse-moi sortir, abruti fini !! Sinon tes attributs masculins ne seront plus à leur place, mais ...

Elle avait raison, il était maintenant temps que le jeu finisse, et que je la repose sur le sol. En plus là elle devait être bien réveillée. Vraiment bien réveillée. Voila, elle avait maintenant les pieds au bon endroit. Par contre ses cheveux n’étaient pas tout à fait revenus à leur état d'origine. Ils étaient même carrément ébouriffés. Son état me fit sourire, et je dus faire un effort monumental pour ne pas éclater de rire devant cette chevelure hirsute. Reprendre son sérieux, comme je l'ai déjà dit, le jeu est fini, on passe aux choses sérieuses, la mission de reconnaissance. Ah, apparemment Trybal n'est pas décidée, je ne vous explique même pas comment elle me regarde, c'est pire qu'au début, bien pire. Si ca continue je vais avoir fait tous ces efforts pour rien. Alala les femmes, j'y ai jamais rien compris. Même les lesbiennes sont indéchiffrables au final. Moi qui pensait pouvoir comprendre au moins une partie de la gente féminine.
Trybal se mit alors en tête de me faire reculer, et d'ailleurs elle y arriva. Mes pieds atterrirent en plein dans une espèce de flaque brunâtre, dégueulasse. Mouais, mes baskets ont vu bien pire de toute façon, elles sont plus à une mare de boue près. Et mes pieds...je n'ai jamais été obsédé par la propreté et tout ce merdier. Je dis pas que j’aime être sale ou quoi que ce soit, mais bon, la Trybal elle m’humiliait pas vraiment en faisant ca quoi. D’ailleurs je ne vois pas pourquoi elle est si fâchée, les filles ne sont pas censées aimer qu’on les porte comme des princesses ou je ne sais quoi ? Nan ? J’y connais rien aux filles je sais, mais quand même, je pensais pas qu’elle allait être si vexée.  

- Des fois, on se fout vraiment tout seul dans la merde, pas vrai ?! La prochaine fois, je suis sûre que tu regarderas où tu mets tes pieds, Bradou.

Intéressante réflexi…AAAÏEEEE  ! Là ca fait vraiment mal, ca défonce. Elle a envoyé sa putain d’électricité à travers la flaque, la conne. Je tombais comme une pierre sur le sol en béton, en plein dans la flaque de merde justement. Tout devint noir pendant un instant, tandis que la douleur se propageait dans chacun de mes membres. L’électricité, pouvoir de merde. C’est encore pire que quand j’avais mis dans une prise un morceau de métal, « juste pour voir », sans savoir que les métaux sont de très bons conducteurs. Je suis con putain de merde ! Pourquoi j’ai pas enlevé mon pied de cette foutue flaque, je serais pas là étendu sur le sol si j’avais eu un minimum de jugeote. Je la hais, je la hais. La douleur se fit de plus en plus insupportable, et je sombrais pour de bon.

Et nan, en fait c’était pas pour de bon, je me réveillais bientôt, avec un énorme mal de crâne qui semblait vouloir me réduire le cerveau en bouillie. Je me sentais lent, faible, tout sauf en pleine possession de mes moyens. Autour de moi, des visages, partout. Qui était-ce ? Bonne question, des gens je crois. Des personnes de ma zone. Qui se portaient à mon secours il me semble. Gné ? Puis-je savoir pourquoi on m’aide ? Je vais très bien moi, c’est pas une fille qui va m’achever ! Je suis un dur moi, j’ai vécu des choses que presque personne a eu les couilles de faire ! Jamais on peut m’abattre, jamais on peut me tuer, JE SUIS IMMORTEL OK ?!

-       JE N’AI PAS BESOIN D’AIDE !!

J’avais hurlé la dernière phrase, d’une voix qui me parut faible. Faible ?! Moi ?! Jamais. Cette imbécile de Trybal allait recevoir une sacrée correction, on ne lève pas la main sur Brad Tahar sans conséquences. Lui cramer les fesses, lui exploser la face, faire en sorte que son corps ne soit qu’un univers de souffrance voila ce que j’allais faire ! Elle ne perdait rien pour attendre celle-là ! Nan mais oh, pour qui elle se prend ? C’est qui le chef ici, c’est elle peut-être l’associable de service ? C’est elle qui se tape toutes les corvées peut-être, c’est elle qui organise tout, qui se charge d’aider tous ces petits médeux, de planifier les missions, de résoudre les conflits ?! C’est elle peut-être qui fait tout ca ?

Ma colère était sans limite. Comme le feu peut dévorer une forêt entière sans jamas s’arrêter, ma colère me consumait à une vitesse étonnante. Dans ces moments-là je suis aussi dangereux que cette foutue Trybal justement, et même bien plus. Avec ma colère, mes forces revenaient à une vitesse incroyable, et bientôt tout ce qui était autour de moi commença à grésiller. Etant donné que la moitié des clients du Fast-food était agglutinés autour de moi, leurs vestes et cheveux commencèrent à fumer de manière inquiétante. Autant dire qu’ils s’éloignèrent tous très vite de moi. L’air ondulait de chaleur, de la chaleur de ma haine. Je me levais dans un bond, et regardais autour de moi. Trybal était là, tout près, allongée par terre. Quelqu’un m’avait pris ma vengeance, me l’avait volée. Ma colère se retourna contre la foule.

-       Qui a fait ca ? C’était à moi de le faire ! A moi !

Je balayais la foule d’un regard de braise, que j’imaginais terrifiant. Puis je reportais mon attention sur Trybal. Elle semblait avoir été frappée à la tête, et baignait dans son sang. Un sourire sadique me tordit le visage. Puis ma colère tomba d’un coup. J’étais le chef, c’était donc à moi de régler tous les problèmes. Et donc aussi ce problème. Je la déteste, je la déteste c’est pas possible. Pourtant, le sentiment qui m’habitait quelques secondes avant s’était bel et bien évanoui. Il n’était plus justifié, n’avait plus de but. Si ces imbéciles n’avaient pas assommée Trybal, j’aurais pu me servir de ma colère pour l’écraser, mais non. A cause d’eux j’allais devoir l’amener à l’infirmerie, trouver quelqu’un pour la soigner.  Celui qui l’avait blessée le regretterait amèrement. J’en faisais le serment.

-       S’il y a quelqu’un avec un pouvoir soignant, qu’il me suive. Les autres, partez.

Pour la deuxième fois je pris Trybal dans mes bras. Son sang tacha mon T-shirt, et y fit une énorme marque rouge, qui s’élargissait de plus en plus. Une personne s’était détachée du groupe. Bien. Nous nous rendîmes tous les trois à l’internat, qui n’était pas très loin. Une fois arrivés, je laissais Trybal avec celle qui devait la soigner.

-       Dis-lui de ma part que c’est une sale conne s’il te plait. Et aussi que je suis dans ma chambre si elle veut s’excuser. Merci.

Et je partis, sans lui laisser le temps de me proposer de m’examiner. Le choc vous comprenez. C’est vrai que je ne me sentais pas très bien. L’énergie avait désertée mon corps. Je me trainais péniblement jusqu’à ma chambre, et m’affalais sur mon lit. Foutue Trybal, foutue électricité. Mes yeux se fermaient tous seuls, et finalement je m’endormais comme une masse, les vêtements encore tâchés de boue et de sang.

HRP: