Ça serait une mauvaise journée. Je l'ai su dès que j'ai sorti un pied de mon lit. Il était huit heures vingt trois, ce qui était un lever tardif pour moi. En me levant, la première chose que je ressentis fut une vive douleur sous mon pied. Un imbécile avait eu l'idée de laisser trainer une brosse à cheveux par terre. J'étais encore plus furibonde parce que la seule idiote à avoir pu entrer dans cette chambre et y laisser sa brosse.. C'était moi. Je me dirigeais en clopinant vers la salle bain. Lorsque je vis ma tête, le sentiment premier qui m'avait envahit ce jour-là en devint encore plus fort. J'avais l'impression d'avoir un nid d'oiseau sur la tête tant mes cheveux étaient emmêlés et j'avais un gros bleu sur l'épaule. J'avais du me le faire en dormant. Quelle idiote.
Ça faisait déjà trois jours que je faisais des cauchemars à répétitions, et dans chacun d'entre eux, je mourrais à la fin.
J'entrepris de mettre de l'ordre dans ma chevelure de vagabonde et lorsqu'elle eut repris une forme convenable, je filais prendre une douche tiède. Shampooing au miel, gel douche à la Grenade. Comme chaque matin depuis deux mois. Je sortais de la douche en serviette quand quelqu'un eut la bonne idée de venir frapper à ma porte.

- Qui est-ce ? demandais-je, perplexe.
- Le livreur de pizza !

Un ange passa.

- Mais non idiote, c'est ta voisine de palier, je voudrais savoir si t'aurais pas du maquillage à me prêter.
- Non.
- Waw, super aimable, merci je te revaudrais ça !

Quelle idée de venir déranger les gens au petit matin, aussi ! Et surtout pour du maquillage. Je m'habillais rapidement et allais à la salle à manger. Une dizaine d'être humains particulièrement bruyants étaient déjà installés devant leurs bols de céréales ou leurs tartines de confiture. Je pris soin de m'asseoir le plus loin possible de n'importe quelle personne qui aurait pu m'adresser la parole et commençais à me tartiner une tranche de pain de confiture de fraise. Je l'avalais rapidement et voulu partir mais c'est à ce moment là qu'un gros malin eu l'idée de mettre sa tartine en plein la figure de la fille assise en face de lui. Du côté de la confiture. Drôle de façon de draguer, n'est-ce pas? Un silence de plomb s'installa pendant une demi-seconde, puis la fille se leva, pris une brique de lait et la renversa intégralement sur le garçon. Alors, quelqu'un eut la merveilleuse idée d'hurler :

- BATAILLE DE BOUFFE !

Je me mis aussitôt à couvert sous la table en pestant de ne pas être partie une seconde plus tôt. Il chahutèrent pendant plusieurs minutes avant que Cook, le leadeur de la zone 2, n'arrive. Il leur demanda poliment d'arrêter leurs "conneries", et ils le firent tous sans discuter. Il est vrai que son don pouvait avoir quelques avantages non-négligeables dans certaines situations. Je sortis doucement de sous la table. Je sacrais officiellement cette journée "Pire Journée de la Semaine". Je me dépêchais de rejoindre la porte principale de l'hôtel et sortis dehors. Ouf, un peu d'air. Le temps n'était pas propice au bronzage, la plage serait certainement déserte par une journée pareil. De gros nuages noirs s'amoncelaient dans le ciel. Je mis mes doigts dans ma bouche pour siffler et hurlais "Solnychka !". La chienne me répondit par un aboiement lointain. J'attendis donc une poignée de secondes puis elle déboula en courant comme une folle et me sauta dans les bras. Je la caressais en riant puis la fit redescendre et partit en direction de la plage. Je m'assis en tailleur, face à l'océan et laissais le bruit des vagues me bercer. J'aimais la mer. L'odeur du sel, le vent qui faisait voleter mes cheveux, le son de l'eau avançant sur le sable, puis se retirant, la vue également, de cette immense étendue d'eau reflétant quelques rayons de soleil qui réussissaient à passer à travers les nuages par moments.
Je regardais avec amusement Solnychka se baigner, sauter dans les vagues puis revenir sur le sable et secouer ses poils trempés. Elle vint enfin se coucher à mes pieds après une petite demi-heure. Et nous restâmes là, dans le silence interrompu seulement par la mer. Et puis, également par une fille qui vint poser sa serviette rose fuschia sur le sable à cinq mètres de nous. Comme si elle n'avait pas toute la plage pour ça. Un groupe de jeunes arriva alors, quatre garçon et deux filles. Ce qui faisait un groupe de sept personnes qui n'avaient trouvé aucun autre endroit qu'ici pour venir crier sur la plage. Je n'écoutais pas ce qu'ils disaient mais j'entendais leurs éclats de voix, qui avaient l'air agressifs. Lorsque je le remarquais je me mis à écouter. Deux garçons étaient en train de s'insulter, apparemment pour la fille à la serviette rose. Alors, l'un des garçons mis son poing dans la figure du deuxième et ils commencèrent à se battre. L'un était pyrokinèse et l'autre télékynèse. Des boules de feu se mirent donc à voler ainsi que de grosses pierres tandis que les autres membres de leur groupe tentaient de les calmer. C'est pas vrai, on pouvait pas être tranquille deux minutes dans ce monde.
Je partis à grand pas vers la ville suivie par une Solnychka qui n'arrêtait pas de grogner à l'adresse des deux adversaires. Je me dirigeais vers le parc qui était d'habitude très fréquenté mais vu le temps, avec un peu de chance je trouverais un endroit où personne ne viendrait m'embêter.
Comme je l'avais prévu, il n'y avait que très peu de téméraires osant braver le vent qui commençait à bien souffler et la pluie probable qui viendrait bientôt s'abattre sur la ville. J'allais donc m'asseoir dans un coin d'herbe et inspirais longuement. Pourquoi les gens étaient-ils si bruyants lorsqu'ils étaient en groupe? Mystère et boule de gomme.

[PS : Oublie pas que Solnychka t'attaque. Même elle te dévore un bout de bras si tu veux ♥ Et après tu me colorieras les cheveuuuux *o*]